lundi 6 juin 2011

Concert de Boiscommun : Le plaisir du bonheur partagé pour la musique classique...

La musique est peut-être l'exemple unique de ce qu'aurait pu être - s'il n'y avait pas eu l'invention du langage, la formation des mots, l'analyse des idées - la communication des âmes. [Marcel Proust - Extrait de La Prisonnière]

Quelques instants de pur bonheur...
Samedi 4 juin entre 12h et 14 h, l'église est fermée au public, avec Laurent Coignard et deux autres personnes dans l'immense église de Boiscommun, nous avons écouté et admiré la répétition des choristes et instrumentistes de l'ensemble Chœurs Éternels, sous la direction subtile de Patrick-Marie Aubert, leur chef.
Avec douceur, il guide son ensemble de 35 choristes et musiciens professionnels qui, en même temps, par leurs gestes de la tête ou avec les yeux laissent présager le constat d'un acoustique remarquable de ce lieu sacré. Nous passons là quelques instants d'émotions et de pur bonheur...


Crédit photos Baudouin N'G - Répétition de l'ensemble Chœurs Éternels

Un concert somptueux et d'une qualité irréprochable...
Instants de bonheur aussi en fin d'après-midi, quand l'église Notre-Dame de Boiscommun accueille l'ensemble Chœurs Éternels et son chef de Chœur, qui est aussi le chef de Chœur de l'Opéra de Paris.
Le concert s’ouvre sur une « Marche du prince de Danemark » de Jeremiah Clarke, un compositeur anglais dont les deux œuvres les plus connues aujourd'hui sont justement cette « Marche du Prince de Danemark » et « Trumpet Voluntary ». C’est absolument étonnant, époustouflant mais tout aussi absolument magnifique, le ton est donc donné.

Patrick-Marie Aubert nous fait partager ses émotions avec un magnifique programme de quelques-unes des plus belles oeuvres des compositeurs connus et moins connus, mais néanmoins talentueux, dans la période qui va du XVIIe jusqu'au XXe siècle : Ombra mai fu, Gloria, Alleluia, Jésus que ma joie demeure, Land of hope and glory, Cantique de Jean Racine, Choeur à bouches fermées, Choeur des bohémiennes et des matadors, Battle hymn of the republic...

Grande affluence dans cette belle église romane du XIIIe siècle, 690 places assises sans compter les personnes debout, pour ce concert gratuit organisé par Laurent Coignard. Avec son ami Patrick-Marie Aubert, ils ont choisi un répertoire très éclectique comprenant des partitions célèbres (musique baroque en première partie et lyrique après la pause) dans le seul but de faire accéder un large public à des oeuvres plus rares. Il s'agit ici de partager le bonheur d'écouter la musique classique le plus simplement possible dans cette église qui a été retenue pour son architecture et surtout pour son acoustique remarquable. L'église Notre-Dame de Boiscommun est un bel édifice gothique rayonnant comme on a pu le voir à l'intérieur.

Patrick-Marie Aubert a réussi à embarquer le public dans « ce monde merveilleux de la musique classique » en lui faisant mieux comprendre cette musique. Très perceptible, un certain rapport qui s'est instauré envers ce public nombreux, attentif, enthousiaste, conquis, montre finalement que la musique constitue bien un des modes d'expression accessible à tous de nos sentiments les plus profonds, amour, émotion, révolte, passion, sérénité..., essence même de l'être humain.

Dans la musique classique, un chef de chœur est un musicien chargé de préparer et de coordonner le chant des différents pupitres d'un chœur ou d'une chorale, en vue d'exécuter une œuvre musicale. Au delà de cela, Patrick-Marie Aubert, par sa générosité et sa manière de diriger favorise la joie, l’entrain, le partage, l’espérance et l’émotion...

« La musique est un art qui est fait pour remplir les coeurs d'émotions pures », pour reprendre les propos de l'ancien ministre de la Culture, Jacques Toubon, qui a dit quelques mots à la fin du concert et salué l'initiative généreuse de Laurent Coignard.
La beauté du lieu et la qualité du concert contribuaient à la réussite de cette manifestation qui est devenue, comme par magie, un moment d'intense communion et de partage de cette musique raffinée, fluide et vivante entre l'ensemble Chœurs Éternels et le public.

Pour ma part, ne retrouvant pas les mots les plus forts, je voudrais rendre hommage à Laurent Coignard pour sa capacité tout aussi intarissable à étonner, à donner, à découvrir, à désirer, à partager ses enthousiasmes. Ses mots simples, au moment de présenter chaque partition pendant le concert, ont donné (je le pense) un brin de santé, de volonté, un fort désir de vivre et de découvrir les plaisirs de la vie ou plutôt de la vue et de l’ouïe.

Pour terminer ce magnifique concert, le public a eu droit à un extrait du Choeur des esclaves de Nabucco, opéra de Giuseppe Verdi. « Je viens de vivre un pur moment de grâce et entendre de la bonne musique en direct suffit à notre bonheur », me disait un invité à la sortie.
Le tonnerre d'applaudissements pendant ces deux heures de concert et le standing ovation (ou ovation débout, selon votre préférence) à la fin du concert prouvent que le public a été conquis, et je me fais son porte-parole pour dire « UN GRAND MERCI » pour ce merveilleux et prestigieux cadeau que Laurent Coignard nous a offert en partageant son plaisir.
Pour ce concert réussi que les mélomanes et profanes ont unanimement plébiscité, je crois qu'il en est très heureux et j’en suis heureux pour lui.
Une question revient sans cesse depuis samedi dernier : Quand vivrons-nous un autre moment aussi vibrant et inoubliable ?

Laurent Coignard annonce le début du concert...






Ci-dessus, Laurent Coignard et l'ancien ministre de la Culture Jacques Toubon, pour le mot de la fin...
Au loin, la tribune d'orgues avec ses panneaux admirables peints de figures religieuses du 16ème siècle.
Crédit photos ZAC3 / Jean Alliot - Concert Chœurs Éternels dirigé par Patrick-Marie Aubert juin 2011 à Boiscommun (Loiret)

A propos de Patrick-Marie Aubert...
Chef du chœur de l'armée française jusqu'en juillet 2000, Patrick Marie Aubert a participé pendant près de vingt ans aux grands événements rythmant la vie de la Nation (cérémonies au Panthéon, 14 juillet, coupe du monde de football...) et a dirigé de nombreux concerts en France et à l'étranger. Il a été chef du Chœur du Capitole de Toulouse de septembre 2003 à août 2009.

Crédit photo ZAC3 - Concert à Boiscommun Juin 2011

Ses activités professionnelles lui ont permis de travailler avec Maurizio Arena, Serge Baudo, Maurizio Benini, Roberto Benzi, Jean-Claude Casadesus, Christoph Eschenbach, Claus Peter Flor, Eliahu Inbal, Jacques Mercier, Marc Minkowski, Evelino Pidò, Michel Plasson, Yutaka Sado, Pinchas Steinberg, Jeffrey Tate...
Chef du Chœur de l'Opéra national de Paris depuis le 1er août 2009, Patrick Marie Aubert est officier de l'Ordre national du Mérite et commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres.

Pour se souvenir de ce moment fort, autre interprétation de : Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré

A la fin du concert, au moment où je ferme les grandes et lourdes portes de l'église, un journaliste m'interroge sur ma place dans l'organisation de ce concert et d'où vient ma passion pour la musique classique. Aussi sec, je lui ai répondu pour le concert : C'est l'affaire de Laurent Coignard qui en est l'organisateur.

Un projet qui tombe à point nommé...
Il est vrai que je réfléchissais sur un projet de refaire un concert au Château du Hallier comme en 2009 avec l'ensemble Jaquet de Mantoue.
Il se trouve que Laurent Coignard me contacte pour organiser une rencontre à Nibelle afin de présenter son projet de faire un concert de musique classique à Boiscommun. J'ai tout de suite compris qu'il n'était pas à son premier coup d'essai. Il a déjà organisé pendant plusieurs années des concerts à Quillebeuf sur Seine, son village en Normandie. Je trouve le projet séduisant et marque mon intérêt en acceptant le clin d’œil.
Avec Laurent Coignard, je crois partager la passion des livres, de l'architecture, de la musique, de l'art... En dehors de cela, j'ai eu un grand plaisir de travailler à ses côtés et suis sensible à sa générosité, gentillesse et professionnalisme. C'est aussi l'avis de tous ceux qui l'ont suivi de près ou de loin dans son initiative.

Cette passion de la musique classique...
Mon enfance passée chez les jésuites m'a donné une conduite pour ma vie. Généralement la vie change vite et j'éprouve un vrai besoin à me réinventer de nouvelles aventures, illustrant ainsi le besoin plus générale que nous avons tous à devoir sans cesse rebondir. Ce besoin me conduit à estimer que tout n'avait pas été fait, à ne pas vivre dans la nostalgie et à avoir la volonté de faire fonctionner son imagination brûlante.
Les jésuites, c’est grâce à eux que j’ai, en grande partie, acquis l’amour de la littérature et aussi de la musique et c’est ainsi que je me suis familiarisé avec la musique baroque qui reste, loin devant, la période que je préfère dans l'immensité et la diversité de la musique classique.

Dans les biographies, je lis toujours le chapitre consacré à la mort du personnage raconté avec une attention toute particulière. Qu’elle soit édifiante ou banale, elle permet toujours de récapituler l’essence des personnalités. Quand mon tour viendra, rassurez-vous qu'il n'y a rien de sinistre à cela, je voudrais que le souvenir de ma vie retrace ma passion par la vie culturelle que je fréquente avec une joie invariable toutes les manifestations de mon choix. Peut-être pour mieux résister au jugement critique de la postérité !

Pour se souvenir de ce moment fort, autre interprétation de : Ombra mai fu (Xerxès) de Georg Friedrich Haendel

Une belle journée avec des rencontres enrichissantes...
Dans la soirée, nous nous rendons à la réception donnée par Laurent Coignard à l’occasion de ce concert. Avec Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture, nous évoquons ensemble ce très grand chef français, Patrick-Marie Aubert, qui réussi pendant ce concert à effacer les frontières pour rendre accessible la musique classique à tous.
Nous parlons aussi du 13e arrondissement de Paris, dont il a été le maire de 1983 à 2001, et aussi des créations contemporaines avant de trinquer pour la réussite du concert.


Pour se souvenir de ce moment fort, autre interprétation de : Jésus que ma joie demeure de Johann Sebastian Bach

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