mercredi 7 mars 2012

Les Juifs dans l'orientalisme : Exposition au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme

Les Juifs dans l'orientalisme : Exposition au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme du 7 mars au 8 juillet 2012...
Proposant un parcours à travers la peinture orientaliste, l’exposition se penche sur la représentation du Juif comme « oriental » dans l’art, de 1832 à 1929.

La route vers l’Orient qu’empruntent les artistes au début du XIXe siècle leur donne l’occasion de découvrir les communautés juives des rives méditerranéennes. Cette rencontre inattendue offre un visage pittoresque à cet Orient souvent rêvé avant d’être visité. Eugène Delacroix au Maroc, Théodore Chassériau en Algérie emplissent leurs carnets d’esquisses de figures juives, qui nourriront de grandes toiles ; la Noce juive de Delacroix (1841) occupe ici une place inaugurale.

Crédit photo © Daniel Arnaudet / RMN - Théodore Chassériau, Juives d’Alger au balcon, 1849 (Musée du Louvre)

Au-delà de l’Afrique du Nord, le périple en Terre sainte est porteur d’enjeux plus symboliques.
Mû par des aspirations religieuses et une nouvelle curiosité archéologique, qui s’applique de l’Égypte à la Mésopotamie, l’Occident poursuit au Proche-Orient une quête de ses origines. Les vues de Jérusalem de peintres tels que David Roberts ou Thomas Seddon traduisent ces recherches.
Les empreintes des mondes juif, musulman et chrétien se fondent alors dans une peinture biblique renouvelée. Un Bédouin devant sa tente incarne une belle figure d’Abraham chez Horace Vernet, tandis qu’une synagogue de Jérusalem abrite un Jésus prêchant chez Tissot ou Hunt. L’« orientalisation » de la Bible est particulièrement sensible dans l’illustration d’épisodes ayant pour cadre l’Égypte (Joseph) ou la Perse (Esther), et tire parti des connaissances nouvelles sur l’Antiquité.

Dans un contexte où est échue à la peinture la mission d’écrire l’histoire nationale, l’œuvre de quelques artistes juifs européens s’inscrit aussi dans une problématique identitaire. Ainsi pourra-t-on lire le thème de l’exil à Babylone réinterprété comme une matrice emblématique de l’histoire de la dispersion juive, pour Eduard Bendemann ou Henri-Léopold Lévy. Mais on retiendra surtout l’œuvre fulgurante de Maurycy Gottlieb, qui interroge l’histoire juive au miroir de la littérature, ou du christianisme dans sa peinture Le Christ devant ses juges.

Enfin, dans le cadre du projet sioniste promu par Theodor Herzl, en réaction à l’antisémitisme qui se répand en Europe, l’idée d’un « État des Juifs » en Palestine s’accompagne très vite d’une dimension artistique. Au sein de l’École d’art et d’artisanat de Bezalel, et au-delà, les artistes cherchent à élaborer une continuité entre Antiquité biblique et Orient contemporain, et à renouer avec une identité juive orientale. Lire aussi ici

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