Qu’est-ce qu’une image pour une génération de jeunes artistes nés à la fin des années 1970 et au début des années 1980 ? Quel est leur rapport à l’image et quelle relation cette dernière entretient-elle, dans leurs travaux, avec certains médiums comme la sculpture et l’installation ?
Avec l’exposition « L’image dans la sculpture », le Centre Pompidou offre l’Espace 315 aux expérimentations et aux œuvres de quatre jeunes artistes : le Néerlandais d’origine iranienne Navid Nuur, co-commissaire de l’exposition, l’artiste danoise Nina Beier, le Néo-Zélandais Simon Denny et l’artiste grec Yorgos Sapountzis. Tous ont en commun une manière de traiter l’image et le médium qui les situe chacun dans une sorte d’« impureté » : ils n’élisent pas un médium en particulier, mais travaillent à son altération, à son hybridation, tout en proposant une nouvelle interdisciplinarité.
Ces artistes s’intéressent à l’image, à la fois physique et mentale, en provenance de tous horizons. Leurs images épousent littéralement l’objet, la sculpture ou l’installation, dans « l’indiscipline des disciplines », énoncée par W. J. T. Mitchell (Iconology : Image, Text and Ideology, 1986). L’exposition est aussi un clin d’oeil à celle, culte, présentée au MoMA de New York en 1970. Intitulée Photography Into Sculpture, elle soulignait pour la première fois le mariage littéral de la photographie avec la sculpture et présentait des sculptures-objets dans lesquelles les photographies étaient véritablement incluses. Les artistes exploitaient alors une instabilité de l’image photographique, un phénomène plus aigu encore aujourd’hui avec la digitalisation de la photographie.
Nuur, Beier, Denny et Sapountzis s’intéressent autant aux supports « vintage » de l’image comme la photocopie ou la télévision, qu’à Internet et à de nouvelles formes de présentations : des tablettes aux téléphones mobiles en passant par les « Powerpoint ». Ces artistes suivent également d’autres pistes : le dessin, la projection, l’image produite par empreinte, le texte-image, etc.
Ils exposent ensemble leurs oeuvres dans un espace unique offert à la déambulation. Ces oeuvres, dont une grande partie a été produite à l’occasion de l’exposition, s’inspirent des objets du quotidien ou de la vie domestique (boîtes d’allumettes, sièges, radiateurs, étagères, téléphone, magazines, etc.). Avec ces objets, les quatre artistes, dans leur conception interdisciplinaire de la notion de médium, réalisent des sculptures ou des installations en référence visible à la dimension humaine, voire au corps, qui sollicitent non seulement la vision, mais aussi l’engagement physique du spectateur. Lire aussi ici
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